Maxime Dufour aborde des styles et des techniques différents. Une poétique ludique s’en dégage, il se lance dans la peinture en inventant un univers composé, où se reflètent plusieurs pans de réalité.
C’est un imagier car il peint des mondes possibles. C’est un enlumineur car il colore vivement en portant la réalité de la couleur aux caprices de son imagination.
Ses facéties, et ses mystifications consistent à superposer les images de façon à élargir la rêverie en racontant des histoires se chevauchant.
Son procédé de fausse mise en abyme semble exacerber le regard. Le spectateur doit embrasser d’un seul coup d’œil deux ou trois images où les paysages évoquent des lieux différents.
Ses jeux avec les images, l’artiste les complexifient. Dans la toile intitulée Marseille, il nous donne peut-être un indice : Un personnage assis confortablement, portant un vieux chapeau en paille regarde par la fenêtre le port. À côté de lui une toile est posée sur un chevalet. Disposée elle aussi face à la fenêtre, elle ne correspond nullement au paysage qui lui fait face.
Une telle distorsion optique intrigue, elle est inattendue. C’est une métaphore à travers laquelle l’artiste nous fait part de son état d’esprit qui fonctionne par analogie.
Dans certaines de ses toiles, il accumule les détails adopte la vue frontale du style naïf, les couleurs remplissant sagement les volumes. Bleuissant à outrance le ciel, l’atmosphère est joyeuse, riante, idéalisé, comme une image d’Epinal morcelée :Et si le bonheur était là.
D’autre fois, Maxime Dufour ouvre l’image en profondeur en se servant de la perspective. Les villes rêvées comme HongKong et Tokyo nous plongent dans les abysses. Elles paraissent construites à la règle, comme inspirées de la peinture abstraite géométrique, Manhattan par exemple. La violence de la couleur imite les lumières nocturnes d’un monde virtuel, tels les décors fantastiques dans les jeux vidéos.
Dans ses Pariétales, il exploite le caractère cinématographique de la perception. C’est une question d’ambiance visuelle obtenue par la simultanéité des plans suggérant que le passé et le présent se rencontrent. On éprouve une émotion d’étrangeté, inhabituelle face à une peinture. Cette série nous renvoie aux séquences d’un film.
Dans la série qu’il intitule familièrement Les Potes, il joue avec l’échelle. Un petit personnage, travaillé d’une manière réaliste et qui est à chaque fois un photographe ou bien un peintre, est placé dans le tableau comme dans un immense paysage. Il accomplit ainsi virtuellement le rêve de beaucoup d’artistes qui aimeraient que le spectateur pénètre dans l’œuvre comme dans un monde parallèle.
Cette même idée, il l’exploite différemment dans ses Marines. Mais là, il compose l’image très graphiquement, la peinture est lisse, posée en plage de couleur rappelant les affiches publicitaires.
En revanche, ses Chorégraphies picturales répondent à ses recherches sur la gestualité, la matérialité, sur les possibilités intrinsèques de la peinture.
L’ensemble du travail de Maxime Dufour semble éclectique quant à sa forme. Avec humour et panache, il enjambe les genres. Ce qui le taraude, c’est le reflet du monde dans un miroir.
Ileana Cornea, juillet 2011