Sandro BOTTICELI – Le printemps
« Le Baiser » d’Auguste Rodin figure en bonne place dans notre encyclopédie sonore qui mêle courants artistiques du XXè siècle, artistes majeurs de l’histoire de l’art, et artistes d’aujourd’hui que nous aimerions vous faire découvrir.
Lauranne Corneau vous invite à écouter cette expression la plus aboutie d’un thème éternel et universel, l’amour…
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Texte intégral du commentaire, par Amélie Adamo :
Sandro BOTTICELI – Le printemps
Né en 1445 et mort en 1510 à Florence, Sandro Botticelli est l’une des figures emblématiques de la première renaissance italienne. Après avoir réalisé un apprentissage d’orfèvrerie, le jeune Botticelli rentre en formation dans l’atelier du peintre Filippo Lippi. Durant ces années, il apprend la primauté accordée au trait et acquiert une maîtrise très précise dans le rendu des ornements ou la délimitation des contours : caractère décoratif et linéaire qui fondera la singularité de son style. Dès la fin des années 1460, Botticelli travaille seul et acquiert très vite une grande renommée. Il reçoit de nombreuses commandes par les grandes familles florentines ou les ecclésiastiques, réalisant des œuvres destinées à la décoration des villas, palais, chapelles et églises. Botticelli peint ainsi diverses représentations religieuses : Madone, Christ, Saints. Mais il travaille aussi sur des thèmes mythologiques et allégoriques, comme les célèbres versions de Vénus. Les années 1490 sont marquées par une crise politique et religieuse. Botticelli se laisse gagner par un mysticisme inquiet, sous l’influence des prédications apocalyptiques de Savonarole. Il délaisse les nudités mythologiques au profit de compositions, plus austères ou tourmentées, qui prônent vertus et ascèses.
Cette œuvre intitulée « Le Printemps » a été peinte par Botticelli en 1481-1482. Emprunté à la fable antique, le sujet traite du règne de Vénus et de la célébration du Printemps, symbole du renouveau, de la fertilité de la nature et de l’amour. Y apparaissent ainsi diverses divinités mythologiques : à droite, Zéphyr, dieu des vents, poursuit la nymphe Chloris ; celle-ci, possédée par Zéphyr, se transforme en l’incarnation de la déesse du Printemps, Flore, qui répand des fleurs sur le monde. Au centre, préside la déesse Vénus accompagnée de son fils Cupidon et de ses servantes, les trois Grâces. A gauche, Mercure. Messager divin intermédiaire entre les hommes et les dieux, il dissipe les nuages avec son attribut, le Caducée. Par ce thème, Botticelli affirme son attachement au milieu humaniste et à la théorie néo-platonicienne de l’amour dont la cour des Médicis, qui attribue ses faveurs à l’artiste, constitue un ardent foyer. Au regard de cette lecture humaniste, le tableau peut se lire comme un processus de sublimation au cours duquel, de droite à gauche, s’opère le passage de la pulsion amoureuse de l’homme vers les plus hautes sphères d’une dimension spirituelle et intellectuelle. Dans ce cheminement, Vénus établit un lien entre l’amour vulgaire (propre aux mondes des hommes) et l’amour céleste. Mercure quant à lui, symbole de Connaissance et de Raison, marque l’aboutissement de ce parcours menant à l’élévation de l’âme.